Une correspondance en date du 4 décembre 2024, signée par le Directeur des Domaines, Abdou Gning, et envoyée au Directeur général des impôts et domaines, met en lumière une nouvelle polémique concernant la remise des clés d’une villa appartenant à l’État du Sénégal. Cet immeuble, situé sur la Corniche à Fann et d’une superficie de 5.904 m², avait servi de résidence officielle au Président de l’Assemblée nationale. Selon les informations divulguées par le journal Yoor Yoor Bi, la villa a récemment été transférée à la SCI Ding Ding, société dirigée par Seydou Sarr, alias Tahirou.
Abdou Gning a précisé dans sa note que cette villa, auparavant propriété de l’État, avait été échangée en 2018 contre une parcelle de terrain de 5.566 m² située à Yoff, d’une valeur inférieure. Bien que l’évaluation des deux biens soit déséquilibrée. La villa est réalisée à 742,3 millions de francs CFA, tandis que la parcelle située à Yoff est estimée à 383,7 millions de francs CFA. L’échange a été conclu « sans soulte à payer », selon l’acte signé à l’époque. Cet échange a eu lieu dans un contexte où la SCI Ding Ding semblait chercher à renforcer ses droits sur les biens appartenant à l’État.
Cependant, un nouveau développement a surgi après l’alternance politique du 24 mars 2024. La SCI Ding Ding avait proposé un nouvel échange impliquant d’autres biens de l’État. Ce projet a été retardé par des « lenteurs administratives », ce qui a poussé la société à saisir le juge des référés du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar. En réponse, le juge a ordonné une expertise des biens concernés avant de laisser à l’État le choix de finaliser l’échange ou de libérer la villa en faveur de la SCI Ding Ding.
La situation a pris une tournure plus controversée lorsque, malgré un appel interjeté par Abdou Gning contre ces décisions judiciaires, le Secrétaire général de l’Assemblée nationale, Abdoulaye Thimbo, a remis les clés de la villa directement à la SCI Ding Ding. Cette remise a été effectuée sans l’intervention d’une autorité étatique, une action que le Directeur des Domaines a fermement critiquée.
Ce dossier soulève de nombreuses interrogations sur la gestion des biens publics, notamment sur l’opacité entourant l’échange de propriétés entre l’État et des acteurs privés. Le litige est toujours en appel et pourrait relancer les débats sur la transparence et la régulation des transactions immobilières impliquant l’État. Un enjeu financier et symbolique majeur pour le Sénégal, qui risque de devenir un sujet de discorde politique et juridique dans les mois à venir.