La question de la monnaie continue d’alimenter les débats dans bien des pays d’Afrique. De plus en plus, il est question pour certains leaders du continent d’une sortie du FCFA pour se lancer dans la mise en place d’une monnaie commune. Une question abordée par l’économiste Magaye Gaye dans un entretien avec nos confrères du Soleil.
Lors de cet entretien, l’économiste revient sur la situation géopolitique des pays concernés. Monsieur Gaye est d’avis qu’une bonne gestion monétaire implique l’environnement géopolitique. Le lieu pour le spécialiste de revenir sur les questions politiques des pays concernés à savoir la France et ceux d’Afrique en zone FCFA. Selon lui, il s’agit là d’un système monétaire entouré par des acteurs tous en crise. D’une part, l’économiste nous dit que certains pays africains membres vivent une instabilité politique tandis que d’autres ont souverainement décidé de sortir de ce système. Les difficultés économiques ne manquent pas chez beaucoup de ces pays, notamment ceux d’Afrique centrale. D’autres parts, avec des crises économiques notables, déficits budgétaires associés à une fragilité institutionnelle, la France n’est plus apte à assurer son rôle de garante morale du système. D’après monsieur Gaye, la France n’a plus la capacité de soutenir sa politique. À cela s’ajoute une jeunesse africaine pour la plupart déterminée à tourner cette page de son histoire. L’expert souligne aussi la prise de responsabilité, aujourd’hui de certains gouvernants africains. Il constate cependant une hésitation de la part de certains pays africains avant de souligner que la France par contre n’aura plus le choix au vu de sa situation actuelle. D’où sa crainte que l’initiative de la rupture ne vienne de la France finalement. Le lieu pour lui de préciser que la France n’a plus rien à perdre dans cette relation. C’est pourquoi elle réoriente sa politique de partenariat vers d’autres pays comme le Nigéria, l’Afrique du Sud ou l’Ethiopie.
Revenant sur la déclaration du premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, lors de son passage à l’assemblée nationale, privilégiant une monnaie communautaire, monsieur Gaye affirme que cela est indispensable. Cette monnaie, le FCFA, appartient à ces pays qui générèrent les flux économiques pour son maintien grâce à leurs ressources telles que l’or, l’arachide, le coton…estime Magaye Gaye. Cela, en opposition à ce qu’en pensent bien des économistes. Pour lui, la question fondamentale est maintenant comment faire pour sortir la France du système pour enfin lancer les bases de réformes et de structures des mécanismes. Il sera là question de revoir la gouvernance, le compte d’opérations…Cela devra se faire par des discussions autour de la question. Chose qui sera facilitée par l’ambition sérieuse des pays comme le Sénégal, le Mali, le Niger et le Burkina Faso de mettre en place une monnaie commune.
Une occasion pour l’économiste de dire à nos confrères sa position par rapport à l’Éco. Monsieur Gaye affirme son optimisme par rapport à cette monnaie au vu de disparités budgétaires constatées entre ces pays. Une occasion pour l’économiste de critiquer l’attitude des pays anglophones en ces questions. Selon lui, ces différences pourraient constituer un obstacle à la naissance de l’Éco.
La question de la monnaie sera sans doute un sujet de débats entre spécialistes en Afrique. Une réforme monétaire semble être une ambition sérieuse pour certains pays africains. La France aura-t-elle son mot à dire à ce sujet ? Quels seront les défis et avantages pour une telle avancée continentale ? Beaucoup de questions feront certainement l’objet de diagnostic chez certains dirigeants africains pour sortir du système du FCFA.