L’autosuffisance alimentaire fait partie des objectifs clés du gouvernement sénégalais. Un défi qui doit passer par l’agriculture et l’élevage. Malheureusement ce dernier aspect se heurte à des obstacles tel que le vol de bétail. Un phénomène qui constitue un véritable casse-tête pour le monde rural.
Dans le monde rural, l’élevage fait partie des principales activités des populations. Une bonne partie de ce que nous consommons en viande provient de la production locale. Même si cette activité est bien lucrative, les éleveurs sont confrontés à d’énormes difficultés pour protéger leurs biens. Des individus qui ont choisi de mener une vie facile sèment la terreur dans certaines localités du pays. Ils opèrent parfois en groupe et à des heures tardives pour subtiliser le bétail des éleveurs. Troupeau de moutons, de vaches, de chèvres, ânes, chevaux et d’autres types de ruminants constituent la cible de ces voyous. Certains d’entre eux sont parfois lourdement armés et peuvent causer d’importants dégâts matériels et physiques aux éleveurs. On assiste souvent à des scènes où des agriculteurs ou des éleveurs sont molestés voire tués alors que leur seul tort c’est de vouloir défendre leurs biens.
Quand l’absence de l’Etat accroît le phénomène!
Dans certaines parties du Sénégal, on ne constate malheureusement pas l’existence de l’Etat. La sécurité qui pourtant est un droit pour tout citoyen n’est pas garanti à tout le monde. Les postes de gendarmerie et de police se font rares dans certaines zones et dans d’autres, un problème d’effectif des forces de défense et de sécurité se pose. L’accès à l’électricité qui devait également participer à renforcer la sécurité n’est pas non plus effectif. Certaines localités vivent dans le noir et leurs activités s’arrêtent au crépuscule. Ce qui donne une grande marge aux voleurs d’opérer sans être inquiétés. Dans certains récits, les victimes racontent parfois être au courant de l’intrusion des malfaiteurs dans leurs domiciles ou dans leurs troupeaux mais n’osent pas réagir pour se défendre. Les plus courageux mettent leur vie en jeu. Malheureusement les malfrats réussissent toujours à s’échapper après avoir réussi leur coup. Ils profitent de l’obscurité et sans la police ou la gendarmerie à leur trousse.
Comment lutter efficacement contre ce problème ?
Au ministère de l’élevage et des productions animales, il existe bien une cellule de prévention et de lutte contre le vol de bétail. Son comité de réflexion sur les stratégies à adopter a été installé le 02 mars 2013 à Ndiaganiao par le premier ministre d’alors. En 2017, une loi visant à durcir les sanctions pour ce genre d’infraction a été aussi votée sous l’égide du premier ministre. Ces mesures sont-elles vraiment efficaces ? Difficile de répondre à l’affirmative si on voit que le fléau persiste sans solutions concrètes. Au-delà de la prévention, l’Etat doit mettre en place des mécanismes qui permettent de retrouver facilement le bétail volé. Cela pourrait passer par lutter contre les abattoirs clandestins qui permettent aux voleurs de se débarrasser sans aucuns problèmes de ce qu’ils ont subtilisé. Dans certains pays développés, les animaux sont identifiés via des puces électroniques qui facilitent leur localisation. Cette technologie pourrait donc aider le Sénégal à diminuer ce fléau. L’éclairage public et la présence des forces de sécurité dans le monde rural peuvent aussi être des moyens de lutte efficaces.
Au-delà de la sécurité, l’autosuffisance alimentaire est menacée.
Le gouvernement actuel compte en grande partie sur les producteurs locaux pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. Ce qui doit forcément passer le consommer local. Un levier qui préoccupe le chef de l’Etat et son Premier ministre. Lors de leur déplacement, ils font toujours la promotion du “made in Sénégal”. Des mesures fortes doivent cependant accompagner cette vision pour la rendre réaliste. Si les éleveurs ne se sentent pas en sécurité, ils ne pourront malheureusement pas continuer à investir à perte. Une baisse de la production de la viande se répercute forcément sur le marché avec la flambée des prix comme c’est le cas actuellement et même aboutir à la rareté de ces denrées. Si ce scénario continue, les autorités auront du mal à atteindre leurs objectifs en termes de souveraineté et d’autosuffisance alimentaire. Il devient dès lors urgent de trouver des solutions durables pour le bien des éleveurs et de tout le peuple sénégalais.