C’est presque devenu une tradition au Sénégal. À quelques semaines des épreuves du baccalauréat, des cérémonies de révision en grande pompe telles que des synthèses de philosophie sont organisées un peu partout sur l’étendue du territoire. Si ces activités peuvent permettre aux candidats de se rafraîchir la mémoire, d’autres cherchent à y gagner un capital sympathie à travers des parrainages et des affiches qui inondent les réseaux sociaux.
C’est l’ultime étape à franchir pour rentrer dans la cour des grands, espérer embrasser le monde de l’enseignement supérieur, choisir une filière synonyme d’une future carrière professionnelle ou pas, et avoir accès à de nombreux concours. Voilà ce qui fait du baccalauréat l’un des sésames les plus importants au Sénégal. À cette période précise, c’est une course contre la montre pour les potaches. Chaque coucher du soleil est un jour de révision de moins. C’est l’examen qui attire l’attention plus que tout autre au Sénégal. Les passages au deuxième cycle à l’université, les soutenances de mémoire de master ou de thèse de doctorat ne font pas autant parler.
Dans un souci de doter les élèves du maximum d’outils nécessaires, des professeurs ont trouvé une bonne formule qui consiste à organiser des révisions générales où l’accès est parfois permis à tous pour revisiter une bonne partie du programme. De ces rencontres, les jeunes espèrent se remémorer des différences entre science et religion, de l’opposition entre nature et culture, percer les mystères de la métaphysique ou encore tester leur capacité à douter de tout et de rien. Efficace pour les candidats ? Les pédagogues en savent plus que les journalistes.
Ce qui est certain est que des politiciens en quête de popularité qui n’épargnent pas le stress de leurs cadets ont pris d’assaut ces événements. Ils se réclament soit parrains soit initiateurs. Sur place, leurs discours sont parfois émaillés de leçons de morale couvertes d’un faux tissu de conseil qui se traduiraient plus tard à un appel à l’adhésion à une vision de la vie ou à une cause politique. La réussite les intéresse t-elle vraiment ou veulent-ils s’approprier d’une part du mérite des apprenants qui se sont donnés corps et âme pour réussir? Des efforts consentis par les professeurs? Ou du sacrifice des parents qui ont tout donné pour voir leurs enfants bondir de joie lors des délibérations?
Tout devient malheureusement politique. Même les drames n’y échappent pas. Internet n’a pas aidé à vivre naturellement et à nous soutenir sans rien attendre en retour. Le plus petit geste est filmé et posté sur la toile. Des actes qui nous enlèvent de plus en plus notre humanité. Car même celui à qui on prétend tendre la main voit souvent en nous quelqu’un qui cherche à profiter de sa détresse. Qui aurait même cru que le stress des candidats au baccalauréat ne serait pas épargné ? Bonne chance à tous les candidats !