On dit souvent : « le journalisme mène à tout », comme pour rassurer ceux qui s’y accrochent malgré les discours décourageants sur un métier qui ne nourrit pas toujours son homme. Mais aujourd’hui, la tendance s’est inversée : tout mène au journalisme.
Pourquoi ? Parce que c’est l’un des rares secteurs où l’on peut se proclamer « grand journaliste » ou « chroniqueur respecté » sans production de référence, sans passage par une rédaction reconnue, sans aucune rigueur dans le traitement de l’information. Il suffit de bénéficier de quelques temps d’antenne dans différents médias (d’ailleurs peu crédibles), d’un peu de verve et d’une bande de frustrés nostalgiques du pouvoir, prêts à amplifier n’importe quel délire né dans des groupes WhatsApp dits “Républicains”.
Bienvenue à l’ère du “napaneté médiatique” !
Le prototype de cette ère ? C’est souvent quelqu’un qui a échoué dans tous les domaines : un jour politicien raté, un autre jour piètre communicant débouté d’une structure de la place, par le passé promoteur d’une soirée de “sabar” d’Eudoxie Yao, aujourd’hui analyste autoproclamé. Certains vont jusqu’à se qualifier de « toutologues », experts sur tout et n’importe quoi, capables de parler avec certitude aussi bien des questions de la dette que d’un marché de véhicules de l’Assemblée nationale, dont on ne maîtrise absolument rien. RIEN DU TOUT !!!
Pour ainsi masquer l’ignorance, on enfile des phrases creuses : “Je parle en connaissance de cause”, “de source sûre”, “selon mes investigations”, “quelqu’un de haut placé m’a confié…”.
Et pour mieux impressionner les profanes, on adopte une gestuelle théâtrale, un ton docte : “mane maay wakh ak yaw”, un regard grave… Le tout pour faire passer des spéculations hasardeuses pour des vérités absolues, souvent puisées des éléments de langage d’un camp politique qui n’assume pas et qui préfère déléguer ses combats à des médias longtemps nourris et entretenus par un système.
Et quand la justice ou la police intervient ? C’est le ridicule assuré. Tout s’effondre tel un château de cartes.
Mais l’adepte du “napaneté médiatique” ne s’arrête pas là. Il va jusqu’à anticiper des déplacements officiels, comme celui du Premier ministre en Chine, sans avoir la moindre information sur le programme, les objectifs ou la portée diplomatique du voyage. On balance des analyses vides, appuyées par des anecdotes sorties d’un passé sans vision ni stratégie dans le long terme.
L’adepte du “napaneté médiatique” est souvent un paresseux. Il ne cherche pas l’information, il l’invente. Il ne vérifie rien, il suppose. Il ne consulte ni documents officiels, ni sources crédibles. La rigueur n’est plus ce facteur qui oriente le processus de traitement de l’information. Ce qui compte c’est de trouver une faille, un prétexte pour dénigrer, pour jeter le doute, même sur des projets portés par l’intérêt général. Tout est bon tant que ça nuit. Le mensonge est l’arme fatale et la mauvaise foi une tactique pour atteindre ses objectifs.
Dans la croyance du “napaneté médiatique”, le mot “patriotisme” sonne comme un blasphème. Et pour être admis dans la secte, il faut pactiser avec les anciens détracteurs, rejoindre les médias relais et mépriser son propre peuple.
Dans le “napaneté médiatique”, l’impudence est une médaille d’honneur. On peut débiter les pires absurdités, être condamné par la justice, puis revenir en toute tranquillité sur les plateaux, sourire hypocrite aux lèvres, comme si “ce n’est rien fait”, pour reprendre l’autre. Même si derrière ce masque, se cache une honte étouffée, jamais assumée. Mais tant qu’une foule crédule continue de croire que le mensonge, la calomnie et le mépris du peuple peuvent ramener au pouvoir, le ridicule, lui, s’invite toujours à l’antenne.
Mais à ceux qui veulent bien l’entendre : le peuple est réveillé. Il n’est plus ce spectateur passif qu’on manipulait à coups de slogans vides. Il n’écoute pas seulement pour tout croire. Il écoute pour comprendre, comparer une multitude de versions et pouvoir enfin faire sa propre interprétation. Le public observe et traque les contradictions. Il sait faire la différence entre un journaliste honnête et un militant déguisé. Il reconnaît les médias qui se conforment à leur principale mission en tant que service public, et ceux qui, depuis longtemps, ont vendu leur plume ainsi que leur temps d’antenne pour des questions de règlement de comptes politiques.