Le véhicule particulier reste encore un luxe pour bon nombre de Sénégalais. Pour se déplacer dans la capitale, la seule alternative demeure les transports publics. Même si c’est pratique, c’est parfois la croix et la bannière pour y accéder aux heures de pointe. Entre longues attentes aux arrêts, surcharge et embouteillages, le rythme est infernal pour les usagers.
Il est 6 h 25 au rond-point 26 des Parcelles Assainies de Dakar. Cet arrêt de bus est très fréquenté à l’aube par des personnes qui cherchent à rejoindre leur lieu de travail. Elles savent toutes à peu près à quelle heure doit passer leur bus, mais n’ont pas la certitude de pouvoir y accéder tranquillement. En effet, aux heures de pointe, tout le monde veut prendre le premier bus qui passe pour arriver à l’heure au travail. À ces moments de la journée, certaines règles sont foulées aux pieds. On ne pense plus à la surcharge, encore moins à la tranquillité à l’intérieur. Les personnes sont entassées comme des sardines. Rares sont celles qui attendent le prochain passage. Pour certaines lignes de transport, la fréquence ne laisse pas le choix aux usagers, qui ne prendront pas le risque de patienter. En cette période de forte chaleur, il faut aussi être endurant pour pouvoir résister aux multiples variétés de parfums mélangés à la sueur qui se dégagent de partout.
Cette situation est aussi favorisée par une vision limitée des réseaux de transports publics. Le BRT, qui transporterait en moyenne 60 000 passagers en jour de semaine, est un autre symbole de la fracture qui existe dans le transport. Ce grand projet, chiffré à 420 milliards de F CFA et s’étendant entre Guédiawaye et Petersen à Dakar, ne traverse malheureusement pas toute la capitale sénégalaise.
C’est le même cas pour le TER, qui relie Dakar à Diamniadio. Même s’il est très fréquenté, il est loin de satisfaire les besoins des Dakarois. Aux heures de pointe, certaines personnes sont même contraintes de faire de l’auto-stop, soit pour arriver à temps au travail, soit pour rentrer plus tôt à la maison.
Les horaires de certains services comme le TER et le BRT n’aident pas non plus ceux qui travaillent la nuit. Des bus de nuit faciliteraient les déplacements des Sénégalais en soirée. Malheureusement, le réseau est interrompu dès 22 h en semaine.
L’État doit davantage penser à optimiser l’offre de transport public pour soulager les besoins de tous les usagers et corriger les inégalités actuelles. C’est aussi une question de sécurité. Éviter la surcharge à l’essieu contribuerait à préserver l’état des routes et à réduire certains accidents de la circulation.