La libération des ondes et des fréquences devrait être un atout majeur pour la démocratie sénégalaise. Elle devrait permettre de rendre accessible l’information et de faciliter la prise de parole en public pour une meilleure contribution à la gestion de la cité. Si la radio et, quelque part, la presse écrite à leurs débuts ont réussi à jouer ce rôle crucial de garants de la démocratie, en participant à bien des alternances au Sénégal, la télévision, quant à elle, n’aura tenu que le temps d’un feu de paille. Considérée comme le quatrième pouvoir, la presse ne jouera pas pleinement son rôle. Un pouvoir, pour être considéré comme tel, doit être libre et indépendant. Des critères que peine à réunir notre presse. Chaque média dépend de quelqu’un ou de quelque chose.
Des hommes d’affaires et hommes politiques sont aujourd’hui les plus grands entrepreneurs de ce secteur. Quiconque connaît le milieu des affaires et de la politique sait que l’intérêt personnel est souvent mis en avant au détriment de l’intérêt général. Au Sénégal, ces hommes d’affaires qui ont investi dans la presse ont fini par intégrer le champ politique. Dès lors, ils se retrouvent dans un dilemme où ils doivent préserver une image et des intérêts.
Avec l’avènement d’une nouvelle alternance en 2024, une rupture a été annoncée. Laquelle ? Rompre avec toutes les mauvaises pratiques qui constituaient un frein au développement de notre pays ou créaient des inégalités, voire de l’injustice. Alors que la messe est dite, certains se sont sentis visés, touchés, et même menacés. En guise de stratégie, la presse est utilisée comme arme. C’est ce qui explique que, depuis un certain moment, l’espace public est assailli par des incultes qui se font passer pour des chroniqueurs. Leur seul fort, c’est de calomnier, injurier, diffamer et manipuler. Tout au bon vouloir d’un politicien ou affairiste qui ne s’assume pas. La question qu’on peut se poser, c’est aussi : qu’est-ce qu’on gagnerait à nous engager dans un combat par procuration ? Qu’est-ce qui motive ces pseudos chroniqueurs spécialistes en tout à prendre autant de risques ? Dans une déclaration, le président du parti Pastef, et par ailleurs Premier ministre, parlait d’individus entretenus par une certaine classe politique pour attaquer les autorités.
La nouvelle tournure qu’a prise l’enquête après l’arrestation d’un de ces chroniqueurs, qui s’est toujours distingué par ses insanités, semble confirmer les dires de M. Sonko. Selon les dernières informations, des transactions financières sont scrutées pour en connaître les origines. Est-ce le prix de leurs agitations ? L’enquête nous en dira plus.
D’autres ont sorti la grosse artillerie, digne de grands manipulateurs, en cherchant à toucher la sensibilité des gens en faisant couler des larmes sur les plateaux. Même si c’est bien pensé, son efficacité reste à voir. Notre peuple n’est pas aussi émotif qu’on ne l’aurait cru. Mais on ne peut pas reprocher à un artiste d’être admiratif de la poésie de Senghor.
Pour l’heure, les professionnels de l’information et de la communication peuvent se demander si leur métier retrouvera un jour sa noblesse d’antan. En attendant, pour des questions de salubrité publique, un assainissement est inévitable, et des mesures doivent être prises par les autorités pour que chacun retourne à sa place.
Bonne lecture
Cet article soulève des vérités dérangeantes mais nécessaires. La presse, pilier essentiel de toute démocratie, ne peut remplir sa mission que si elle est libre de toute influence politique ou économique. Il est temps que les autorités, mais aussi les citoyens, exigent un véritable assainissement du paysage médiatique pour redonner à l’information sa valeur, et au journalisme sa dignité.