« Si l’État est fort, il nous écrase. S’il est faible, nous périssons », disait Paul Valéry. Cette citation résonne plus que jamais dans le contexte politique actuel du Sénégal.
Ce samedi 18 octobre 2025, lors d’un rassemblement, le responsable politique de l’APR, Pape Malick Ndour, a lancé un appel à l’opposition et à toutes les forces vives de la nation pour renverser le gouvernement, qu’il qualifie d’incapable, et mettre en place un gouvernement d’union nationale. Un tel appel, aux allures insurrectionnelles, sous-entend inévitablement l’usage de la violence, car il est difficilement concevable de renverser un régime légitime sans porter atteinte à des vies humaines et à la stabilité des institutions.
En réalité, Pape Malick Ndour vient de semer les graines d’une potentielle instabilité politique. Il s’est attaqué à notre cohésion sociale et à nos institutions républicaines. Il a même dépassé la simple dénonciation, parlant de la « clochardisation de la justice », des propos similaires à ceux qui ont conduit l’actuel président à un long séjour en prison.
Faut-il rappeler à M. Ndour comment notre pays a su déjouer les pronostics les plus pessimistes ? En mars 2021, alors que la jeunesse et une large partie du peuple soutenaient son combat, Ousmane Sonko, alors dans l’opposition, avait appelé à la vigilance, refusant que la colère populaire renverse le régime de Macky Sall par la rue. Il savait que céder à l’émotion mènerait le pays au chaos, avec des conséquences irréparables.
Aujourd’hui, Pape Malick Ndour n’a pas mesuré la portée de ses propos. La haine et une soif inassouvie de pouvoir semblent avoir pris le dessus sur la raison. Cette sortie est-elle dictée par un esprit revanchard ou par la frustration d’un échec politique non digéré ?
Quoi qu’il en soit, cette déclaration marque un nouveau palier dans l’entreprise de déstabilisation orchestrée par l’APR. Le premier acte fut une campagne de désinformation menée par certains influenceurs et « chronoposants », venus envahir l’espace médiatique en imposant un débat biaisé, éloigné des véritables préoccupations des Sénégalais.
Ensuite, l’espace public a été investi par des manifestations réclamant la libération de responsables politiques accusés de détournement de fonds publics, estimés à plusieurs dizaines de milliards de francs CFA. Pendant ce temps, Macky Sall, leur chef, mène un intense lobbying international, dans l’espoir de redorer son image.
Mais un coup dur leur a été porté récemment. La dernière déclaration de la directrice du FMI a refroidi leurs espoirs. Ils comptaient sur le silence ou l’ambiguïté de Washington pour continuer à nier l’existence de la dette cachée. Or, le FMI a reconnu clairement l’existence de cette dette, révélée avec courage par les autorités actuelles. Pris de court, les anciens dignitaires cherchent désormais un nouveau sujet pour détourner l’attention du peuple.
Malheureusement, en appelant à l’instabilité, ils envoient un message dangereux à la communauté internationale : celui d’un Sénégal au bord du chaos. Ce discours ne nuit pas seulement à la sécurité intérieure, mais risque aussi d’avoir de graves conséquences économiques, notamment sur la confiance des bailleurs de fonds et des investisseurs étrangers.
L’État est-il faible ? Nous croyons que non. Mais il est de sa responsabilité de faire respecter l’ordre républicain. Toutes les grandes crises ont commencé par des déclarations incendiaires. Et Pape Malick Ndour vient d’en faire une. Si l’État est fort, il agira. Si l’État est faible, alors notre sécurité est bel et bien menacée.
Le Sénégal ne doit jamais plus se retrouver dans une situation où des groupes armés dictent leur loi et sèment la terreur, imposant leur volonté à la majorité silencieuse. Quand on sait que l’auteur de cette déclaration est cité dans une affaire de recrutement de nervis et d’actes de torture sur un concitoyen, son discours devrait alerter les plus hautes autorités.
Enfin, il convient de rappeler à M. Ndour que ce gouvernement qu’il souhaite renverser est l’un des plus légitimes de l’histoire du Sénégal. Un homme, tout juste sorti de prison, a été plébiscité par un peuple en quête de changement. Cet homme, aujourd’hui président, portait un projet de société fondé sur la justice et la reddition des comptes. C’est ce projet qui a conduit des personnalités comme Farba Ngom et bien d’autres devant la justice et parfois derrière les barreaux.