Ousmane Sonko l’a rappelé avec justesse : aucun pays ne se reconstruit dans le désordre et la complaisance. Le Sénégal traverse une période charnière où la volonté de rupture et de refondation doit impérativement s’accompagner d’une autorité forte, rigoureuse et pleinement assumée. Sans cela, les cinq prochaines années risquent de se perdre dans les mêmes errements que par le passé.
Depuis trop longtemps, nous avons laissé s’installer une culture de l’impunité, où des individus, souvent puissants et fortunés, se permettent de défier les institutions, d’abuser des biens publics et de saboter l’action de l’État. Un pays dirigé sans autorité devient un terrain d’anarchie, et nul ne peut gouverner durablement dans un tel climat.
Une autorité ferme, préalable à la refondation
Ceux qui prétendent diriger le Sénégal doivent comprendre qu’on ne gouverne pas une nation en quête de redressement par la simple persuasion. Il faut une main ferme, une autorité capable de restaurer l’ordre avant de reconstruire la confiance.
Il ne s’agit pas de renier la démocratie, mais de comprendre que la démocratie ne peut s’épanouir que dans un cadre discipliné, où la loi est respectée et la justice appliquée sans faiblesse.
Nous avons manqué, dès le début du mandat du président Bassirou Diomaye Faye, de poser ce geste symbolique fort : traduire en justice tous ceux qui ont contribué à fragiliser l’État, détourner les fonds publics ou saper l’autorité de nos institutions. Une justice réformée, crédible et impartiale aurait dû être le premier chantier de la refondation nationale.
Ni dialogue ni complaisance avec les saboteurs
À ce stade, la tolérance n’est plus une vertu, mais une faiblesse. Dialoguer avec ceux qui ont pillé la République, c’est donner l’impression que tout est négociable, y compris la trahison du peuple.
Un État fort doit savoir dire non, sanctionner quand il le faut, et imposer le respect de la loi à tous, sans exception.
Le modèle Kagame : la fermeté au service du développement
Le président Paul Kagame, souvent cité comme référence par le président Diomaye, illustre parfaitement cette philosophie : un leadership ferme, discipliné et centré sur l’intérêt collectif.
Au Rwanda, personne n’ose défier les institutions, non par peur, mais parce que la rigueur y est devenue une norme nationale. Certains y voient une forme de dictature ; moi j’y vois le prix du progrès en Afrique.
Notre continent n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes dirigées par des hommes d’autorité. Les magistrats, les fonctionnaires, les forces de l’ordre doivent sentir que l’État existe, qu’il veille et qu’il agit.
Reconstruire pour mieux démocratiser
Avant de parler de démocratie, de justice sociale ou de libertés élargies, il faut d’abord rétablir l’ordre, la discipline et la responsabilité.
C’est seulement après cette phase d’autorité et de redressement que le Sénégal pourra redevenir un pays stable, respecté et prospère, où la démocratie retrouvera tout son sens.
Al Makhtar MBAYE
Membre Pastef France 🇫🇷
Juriste
Analyste et observateur de la vie politique sénégalaise