Les tensions montent dans les universités publiques du Sénégal, où une vague de grève secoue plusieurs établissements. De l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), à l’université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB), en passant par l’université Assane Seck de Ziguinchor et l’université Alioune Diop de Bambey, les étudiants dénoncent les “injustices” persistantes et réclament des réponses urgentes des autorités.
A l’UCAD, le bras de fer entre les étudiants et le gouvernement s’intensifie. En effet, après de violents affrontements avec les forces de l’ordre, le collectif des étudiants en Master a annoncé une radicalisation totale de son mouvement. Ils dénoncent le non-paiement des rappels de bourse promis par le ministère de l’Enseignement supérieur et la Direction des bourses, un acte qualifié “irresponsable” par les étudiants.
Face à cette situation, ces derniers ont décrété une grève illimitée, instauré des journée sans ticket et suspendu toutes les activités pédagogiques jusqu’au paiement effectif des sommes dues. Les étudiants en Master 2 ont ainsi annoncé leur ralliement au mouvement exprimant leur profonde colère face à l’inaction des autorités. Le non-versement de leurs bourses d’accompagnement, qui dure plusieurs mois, met en péril leur avenir académique. Ils exigent à cet effet, des explications claires et des garanties pour éviter de nouveaux retards. “Nous avons été patients, mais trop c’est trop ! Ce que fait le ministère est ignoble et irrespectueux, Nous ne lâcherons pas tant que nos droits ne seront pas respectés”, a déclaré Bassirou Diop, étudiant en Master 2.
A Bambey, la colère ne se limite pas aux bourses. Les étudiants de l’université Alioune Diop réclament des infrastructures promises depuis longtemps: un complexe de 1000 lits, un service médical fonctionnel, un restaurant de 1500 places et de nouvelles salles de classe.
“Comment peut-on nous demander d’étudier dans ces conditions? Le gouvernement doit arrêter de nous faire des promesses”, a déploré Ibrahima Diouf, membre du collectif.
C”est le même son de cloche à Ziguinchor, où les étudiants dénoncent des conditions de vie et d’études précaires.
L’histoire a montré que les crises universitaires au Sénégal ont souvent été marquées par des drames. En 2001, sous Abdoulaye Wade, l’étudiant Balla Gaye a été tué lors d’une grève. En 2014, sous Macky Sall, Bassirou Faye a également perdu la vie dans des circonstances similaires. “Nous ne voulons pas qu’un étudiant tombe sous les balles. Le gouvernement a le devoir d’écouter nos revendications avant qu’il ne soit trop tard”, a rappelé Diatou Sock, étudiante à la faculté des lettres.
Quelques mois après l’accession au pouvoir du nouveau régime, la gestion de cette crise pourrait être un être décisif. Ignorer les revendications des étudiants ou réprimer violemment le mouvement risquerait d’entraîner des conséquences dramatiques.