Le retrait des troupes françaises du Tchad et l’annonce d’un départ imminent du Sénégal marquent un tournant décisif dans le déclin de l’influence de la France en Afrique. Ces événements font suite à une série de départs contraints dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, soulignant une crise majeure dans les relations entre la France et ses anciennes colonies.
Le 1er décembre 2024, le Tchad a pris la décision d’annuler ses accords de défense avec la France, exigeant le départ des 1 000 soldats français stationnés à N’Djamena. Dans le même temps, le Sénégal a annoncé son intention de mettre fin à la présence militaire française sur son sol. Ces départs viennent s’ajouter aux expulsions précédentes au Mali, au Burkina Faso et au Niger, où les gouvernements de transition ont également exigé la fin de la présence militaire française.
Actuellement, seules quelques centaines de soldats français subsistent en Afrique, principalement en Côte d’Ivoire et au Gabon. Même dans des régions historiques stratégiques, comme le golfe d’Aden, la France doit désormais composer avec des bases militaires américaines, chinoises et japonaises.
Les limites des interventions militaires françaises
Les racines de cette situation remontent aux interventions militaires françaises dans la région, notamment l’opération Serval en 2013 au Mali. L’objectif initial était de combattre les groupes armés dans la région sahélienne. Cependant, ces interventions ont été perçues par les populations locales comme des actes d’occupation, alimentant un sentiment anti-français grandiose. Plutôt que de stabiliser la situation, l’intervention a exacerbé le conflit, s’étendant au Niger et au Burkina Faso, et créant une situation de plus en plus complexe.
Des critiques ont émergé, accusant la France de ne pas avoir véritablement cherché à éliminer les groupes armés. Ces accusations ont été renforcées par des campagnes ainsi que des discours anti-français qui ont beaucoup contribué à façonner la perception de la France sur le continent.
L’arrivée d’Emmanuel Macron et les tensions persistantes
L’arrivée d’Emmanuel Macron à la présidence en 2017 n’a pas suffi à apaiser les tensions. Malgré son appel à un « nouveau partenariat » entre la France et l’Afrique, ses propositions sont souvent perçues comme condescendants. En 2019, après la perte tragique de 13 soldats français au Mali, Macron a convoqué les dirigeants sahéliens, un geste qui a exacerbé les relations avec les gouvernements africains.
Un retrait humiliant pour la France
Les coups d’État successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont renforcé l’hostilité envers la France. Les militaires qui ont pris le pouvoir ont non seulement expulsé les troupes françaises, mais ont également renforcé leurs relations avec la Russie, notamment par l’intermédiaire du groupe paramilitaire Wagner. Cette évolution a révélé l’incapacité de la France à anticiper les dynamiques politiques et sociales en Afrique de l’Ouest.
L’avenir des relations franco-africaines Pour de nombreux analystes, surtout occidentaux, les événements récents marquent la fin d’une époque où la France occupait une place centrale en Afrique. Le continent, devenu un enjeu géopolitique majeur, pourrait bientôt avoir des répercussions directes sur la sécurité en Europe, notamment à travers les questions migratoires et les conflits régionaux.
Dans ce contexte, la France devra réévaluer sa stratégie et son rôle en Afrique. Un retrait de ses bases militaires et une approche moins interventionniste pourraient marquer le début d’une nouvelle phase de ses relations avec le continent, mais l’avenir de ces relations dépendra en grande partie de la capacité de la France à s’adapter aux changements politiques profondes qui se déroulent actuellement en Afrique.