Le Sénégal a lancé ce lundi, à l’hôtel Terrou-Bi, les consultations nationales sur l’intégrité de l’information, une étape préparatoire à la Conférence régionale de l’UNESCO qui se tiendra du 3 au 5 septembre 2025 à Praia (Cap-Vert). Ces assises réunissent journalistes, fact-checkeurs, représentants de la société civile, régulateurs, institutions étatiques et partenaires techniques pour réfléchir aux moyens de restaurer la confiance dans l’information à l’ère des fake news.
Un enjeu démocratique majeur
Dans son intervention, Habibou Dia, Directeur de la Communication au ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, est revenu sur l’objectif principal de ces consultations : garantir un accès à une information fiable, vérifiée, et produite dans les règles de l’art.
« L’enjeu, c’est de s’assurer que l’information diffusée a suivi tout le processus de traitement. Cela pose la question de la responsabilité éditoriale : qui produit l’information ? Qui en sont les sources ? Qui possède les médias ? », a-t-il souligné.
L’initiative est appuyée par la coopération allemande (GIZ), l’Union européenne, et en partenariat avec l’UNESCO pour une réforme structurelle du secteur. Parmi les initiatives annoncées : le déploiement de cellules de vérification des faits (desks de fact-checking) dans les rédactions, et la mise en place d’un modèle économique viable pour les médias.
Un débat multisectoriel sur l’intégrité de l’information
Présente à la cérémonie, Amsatou Sow Sidibé, présidente du Comité Sénégalais des Droits de l’Homme (CSDH), a évoqué les efforts engagés pour améliorer l’accès à l’information.
« Le CSDH a élaboré un plan quinquennal qui intègre des recommandations pour renforcer l’accès équitable et sécurisé à l’information pour tous les citoyens », a-t-elle affirmé, insistant sur le rôle des droits humains dans la gouvernance informationnelle.
L’UNESCO et ses partenaires appellent à des actions urgentes
Michel Kenmoe, représentant régional de l’UNESCO, a pour sa part insisté sur le caractère stratégique de cette démarche à l’échelle du continent :
« Avec la prolifération de la désinformation et de la mésinformation, l’intégrité de l’information devient une question de survie démocratique. »
Un message relayé par Giovanni Squadrito, représentant de l’Union européenne et chef d’équipe régional au Service des instruments de politique étrangère pour l’Afrique de l’Ouest et le Lac Tchad, qui intervenait aussi au nom de l’ambassade d’Allemagne :
« Ceux qui n’aiment pas la démocratie s’attaquent aux médias. »
Vers un cadre régional harmonisé
Les consultations nationales se poursuivent jusqu’au mardi 17 juin, avec des groupes de travail thématiques, des sessions de restitution et la synthèse des recommandations nationales. L’ensemble des conclusions alimentera la Conférence régionale de Praia, qui ambitionne d’adopter une déclaration politique et un plan d’action régional pour renforcer l’intégrité de l’information en Afrique de l’Ouest et au Sahel.