Le début de la semaine a été marqué par des auditions et des inculpations de personnalités pour détournement de deniers publics. Beaucoup n’ont pu justifier l’utilisation des fonds alloués à la lutte contre la pandémie de la COVID-19. Si les Sénégalais sont choqués par l’ampleur des dégâts, ils le sont également pour la libération de certains délinquants financiers après consignation.
Les juristes sont unanimes là-dessus. Le cautionnement pour bénéficier d’une liberté provisoire est permis dans certains cas de figure par la loi. Voilà ce qui a permis à certains dignitaires de l’ancien régime d’humer l’air de la liberté malgré qu’ils aient été reconnus coupables de détournement ou de malversations. Ceci dit également que la loi peut parfois avoir des limites et même son application peut aller à l’encontre du raisonnable.
La délinquance financière au sommet de l’Etat
Pour rappel, l’ancien chef de l’État Macky Sall, jugeant la situation d’une extrême gravité s’était donné les pleins pouvoirs pour prendre certaines décisions sans faire recours au parlement ou d’autres institutions. La covid-19 avait fini d’installer la psychose dans le monde entier et un pays comme le nôtre n’était pas en reste. Mille milliards FCFA ont été mobilisés dans un plan de riposte. Parallèlement, un seul discours raisonnait de partout. “Restez chez-vous.” Pendant un confinement forcé, une traque violente des citoyens qui ne pouvaient pas regagner le domicile avant 20h, des établissements sanitaires débordés, un personnel soignant à bout de souffle et des malades qui mouraient pour non assistance pour certains et manque d’oxyde pour d’autres, c’était la pagaille au sommet de l’État. Des marchés attribués à des personnes non expertes dans le domaine, des surfacturations et des détournements d’objectif régnaient en maître. Le rapport de la cour des comptes révèle qu’une seule personne propriétaire de 4 entreprises a bénéficié de 17 marchés pour plus de 15 milliards de FCFA. Ce document est revenu sur des faits beaucoup plus graves.
En une semaine, 260 personnes ont été arrêtées dans ce dossier covid-gate. Le plus surprenant c’est de voir de gros bonnets rentrer tranquillement chez eux après avoir mis sur la table du juge quelques millions en guise de caution. Pour nous profane de la justice, c’est le flou total. La justice cherche-t-elle à ramener l’argent volé, à sanctionner des fautes graves ou les deux ?
Si nous voulons ranger ce genre de pratique aux oubliettes, il faudra sanctionner fort. Sanctionner pour rendre justice à ces personnes disparues parce qu’elles n’ont pas trouvé d’assistance au niveau des services médicaux. Sanctionner pour réparer les préjudices mais surtout sanctionner pour donner une leçon aux autres. Si la loi est faite pour les hommes, elle doit être pensée selon les réalités du moment. Aujourd’hui, les Sénégalais pensent qu’aucune caution ne doit garantir la liberté à une personne reconnue coupable de détournement de deniers publics même s’il faut tout faire pour ramener l’argent dans nos caisses.