Le ministre sénégalais de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, a annoncé une série de mesures pour protéger et développer l’industrie textile locale. Parmi ces initiatives, figure l’interdiction des exportations de matières premières textiles et la suggestion de stopper les importations de friperie.
« Nous allons interdire toutes les exportations de matières premières textiles. Si on veut développer une industrie locale, il faut la protéger », a déclaré Serigne Guèye Diop lors d’une rencontre organisée par la GIZ, l’agence allemande de coopération internationale, à Dakar. Cette mesure s’inscrit dans une stratégie visant à renforcer l’industrie locale de l’habillement et à favoriser l’autonomie du secteur textile.
Le ministre a également critiqué la logique d’exporter des matières comme le cuir, pour ensuite les réimporter après transformation. Pour lui, cette pratique nuit à la souveraineté économique du pays et limite les opportunités de création d’emplois locaux.
Vers une interdiction des importations de friperie
Dans le même esprit, Serigne Guèye Diop s’est prononcé en faveur de l’interdiction des importations de vêtements de seconde main, communément appelés friperies. « Arrêter les importations de friperie va nous permettre d’assurer une certaine souveraineté de ce secteur », a ajouté Fatou Cissé Ndiaye, directrice de la Plateforme industrielle du textile à Louga, qui s’est réjouie de cette proposition.
Cette mesure pourrait également avoir un impact social significatif, notamment en offrant des opportunités d’emploi à de nombreux jeunes Sénégalais, limitant ainsi l’émigration irrégulière.
Conscient des résistances que ces changements pourraient susciter, le ministre a évoqué la nécessité de « réformes difficiles, douloureuses », mais indispensables pour relancer l’industrie. Il s’est inspiré des pratiques de grandes puissances économiques comme la Chine, le Japon et les États-Unis, qui protègent leur marché intérieur grâce à des taxes.
Un plaidoyer pour le secteur textile
Lors de la rencontre, des professionnels du textile ont présenté un plaidoyer au ministre, sollicitant un soutien renforcé pour leur secteur. En réponse, Serigne Guèye Diop a promis de porter ces préoccupations devant le Conseil des ministres afin de sensibiliser les autorités, y compris le chef de l’État et le Premier ministre, aux défis du secteur.
« Il est hors de question pour le Sénégal de laisser des industries fermer. Il incombe à l’État de les soutenir», a-t-il affirmé, tout en saluant les efforts des entrepreneurs locaux.
Avec une contribution de 25 % au produit intérieur brut et une capacité à créer de nombreux emplois, le secteur industriel demeure un levier essentiel pour le développement économique du Sénégal.
Cette interdiction des exportations de matières premières et la limitation des importations de friperie marquent une étape importante dans la stratégie du gouvernement pour renforcer la souveraineté économique et dynamiser l’industrie locale. En misant sur la production et la transformation locales, le Sénégal espère bâtir une industrie textile compétitive et durable.