2024 aura été pour le Sénégal une année avec beaucoup de surprise dans le champ politique. De l’élection présidentielle de février 2024 aux législatives anticipées en passant par la libération des détenus dits “détenus politiques” sans oublier la double destitution de Barthélémy Diaz de l’assemblée nationale et de la mairie de Dakar, une succession d’événements les uns plus invraisemblable que les autres a eu lieu dans le pays. En 2024, Macky Sall aura aussi abattu toutes ses cartes pour se maintenir à la tête du pays mais en vain.
Plusieurs événements ont eu lieu au courant de l’année 2024. Le calendrier républicain avec au programme l’élection présidentielle avait fait du Sénégal l’attraction du monde entier. Le leader du parti Pastef Ousmane Sonko en détention alors qu’il était considéré comme le principal opposant de Macky Sall et même probable favori, manifestait toujours son désir d’être candidat.
À quelques jours du dépôt des candidats à la candidature, le pastef publie au moins une liste de 5 candidats avec Guy Marius Sagna, Birame Souleye Diop, Habib Sy, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye. La candidature de Sonko rejetée, le maire de Ziguinchor porte son choix sur le secrétaire général de son parti Bassirou Diomaye Faye. Après le rejet de la candidature de Karim Wade, les libéraux accusent le conseil constitutionnel de corruption et indexe le premier ministre sortant et candidat de la mouvance présidentielle,Amadou Ba.
Alors que le président Sall avait déclaré qu’il ne se présenterait pas à une troisième candidature à moins que le pays se retrouve dans une situation de crise, saisit l’occasion et annule le décret convoquant le corps électoral. Conséquence ? L’élection présidentielle vient d’être reportée à une date inconnue. Dans la foulée, l’ancien chef de l’État convoque les forces vives de la nation à un dialogue national. Au terme de cette concertation, il a été décidé de tenir l’élection présidentielle le 15 décembre 2024 prolongeant d’un an le mandat de Macky Sall.
Les contestations s’intensifient dans le pays comme dans la diaspora. La décision du chef de l’État jugée illégale, le conseil constitutionnel se saisit du dossier et désapprouve Macky Sall. Les 7 sages exigent la tenue de l’élection présidentielle à la date prévue. Macky joue sa dernière carte et tente de grignoter encore quelques mois à la tête du pays et se heurte à la détermination des sages. La présidentielle aura bien lieu en février 2024.
La campagne démarre sans le candidat de Pastef Bassirou Diomaye Faye toujours en détention. Dans un souci d’apaiser le climat politique, Macky soumet à l’hémicycle une loi d’amnistie. Le pastef qui doit pourtant en bénéficier le plus dans de pareilles circonstances vote contre mais la loi passe avec la détermination des députés de Benno Bokk Yakaar. Sonko et Diomaye sont libres.
Amadou Ba candidat de la mouvance présidentielle est presque esseulé et reçoit moins de soutien de son camp. Diomaye et Sonko multiplient les caravanes pendant une semaine en drainant des marées humaines. Les deux hommes sont en train d’écrire l’histoire politique du pays. Élargis de prison il y a 10 jours, ils remportent l’élection présidentielle au premier tour avec plus de 54% des voix. Une première dans l’histoire politique du Sénégal. Bassirou Diomaye Diakhar Faye devient ainsi le 5e président du Sénégal et le plus jeune président de son histoire.
Macky Sall ne compte pas s’en arrêter là. Il signe des conventions avec des partenaires étrangers et multiplie les nominations jusqu’à la veille de son départ du palais. l’une des premières décisions du président Diomaye est d’annuler les derniers actes posés par son prédécesseur et qui ressemblent à un sabotage.
L’autre plus grande décision sera la nomination d’Ousmane Sonko comme premier ministre du Sénégal. Ce dernier forme un gouvernement avec des ailiers et même des ministres qui n’étaient pas dans leur coalition. Le gouvernement se donne comme crédo le Jub Jubal Jubanti.
Premier couac ? Le Docteur Cheikh Dieng est limogé de la tête de L’ONAS après moins de trois mois de fonction. Il est accusé de tentative de corruption mais il nie tout et accuse son ministre de tutelle Cheikh Tidiane Dieye. La crise est vite maîtrisée.
De l’autre côté, Benno Bokk Yakaar exige au premier ministre de venir faire sa déclaration de politique générale. Le parlementaire Guy Marius Sagna écrit au chef du gouvernement et lui demande de ne pas se présenter à l’hémicycle. La raison ? Le règlement intérieur de l’assemblée n’est pas à jour. Le président Sall avait supprimé le poste de premier ministre après sa réélection en 2019. Ousmane Sonko répond au député de Ziguinchor sur Facebook et déclare que si la situation n’est pas rétablie dans les délais, il fera sa déclaration de politique générale devant un jury populaire. La majorité parlementaire oppose le bras de fer et annule le débat d’orientation budgétaire. Dans la foulée, l’introduction d’une motion de censure est agitée pour destituer le gouvernement de Sonko. C’était sans compter sur la stratégie du camp d’en face. Juste après la rectification du règlement intérieur, le Président Diomaye dissout l’Assemblée nationale et convoque des élections législatives anticipées. Pastef, seul face à certains de ses anciens alliés de yewwi Askan wi comme le PUR de Seydi Mouhamadoul Moustapha Sy, Takhawou Sénégal de Khalifa Sall et Barthélémy Diaz, le PDS de Karim Wade, entre autres partis de l’opposition. Le pastef obtient la majorité absolue avec 132 députés. El Hadj Malick Ndiaye, alors ministre des transports démissionne du gouvernement et prend la tête de l’hémicycle.
Grand perdant de ces joutes, Barthélémy Diaz est destitué de son poste de député après une saisine du ministre de la justice garde des sceaux Ousmane Diagne. Le maire de Dakar fait l’objet d’une condamnation définitive liée à l’affaire Ndiaga Diouf. Un malheur n’arrivant jamais seul, un citoyen de la ville de Dakar du nom de Bayna Gueye saisit le préfet pour la destitution du fils de Jean Paul Diaz de la mairie de Dakar et obtient gain de cause.
Le 27 Décembre, le premier ministre Ousmane Sonko se présente enfin à l’hémicycle pour tenir sa déclaration de politique Générale tant attendue. Celui qui dénonçait la falsification des chiffres de la dette par le régime de Macky Sall voit sa vision du Sénégal plébiscitée devant une assemblée nationale acquise à sa cause. Ce document de plus de 130 pages revient en grande partie sur le référentiel Sénégal vision 2050.
Quelques notes tristes ont malheureusement accompagné l’année 2024. L’ex premier ministre sous Macky Sall, Mouhamed Boune Abdallah Dione a tiré sa révérence quelques jours après la tenue de l’élection présidentielle. Moustapha Ba, ancien ministre de l’économie et des finances s’est aussi éteint à Paris.
Pour l’heure, le régime actuel tente de remettre le Sénégal sur la voie de l’émergence avec de nombreux défis.