L’affaire Ahmed Ndiaye, cet ingénieur informatique de 31 ans, qui sous l’effet de l’alcool , s’est introduit dans la maison de la mère du Premier ministre Ousmane Sonko en proférant des menaces et insultes, pose une question de fond: celle de la protection des familles des hautes autorités. Cet événement loin d’être un simple fait divers, met en lumière les lacunes de notre système de sécurité face aux risques croissant qui pèsent sur les proches des dirigeants.
Il est préoccupant qu’un individu, même en état d’ébriété, puisse accéder à la résidence d’un membre de la famille du Premier ministre. Ce n’est pas un cas isolé. Dans plusieurs pays, les proches des dirigeants sont des cibles potentielles, que ce soit pour des raisons politiques, économiques ou simplement à cause de rancœurs personnelles.
Dans ce cas précis, l’agresseur reproche à Ousmane Sonko d’avoir, par un redressement fiscal, causé la faillite de son employeur, Abdoulaye Sylla PDG d’Ecotra et par ailleurs député dans la 15e législature. En effet, ce ressentiment personnel s’est transformé en une action violente, illustrant comment des décisions politiques peuvent avoir des répercussions directes sur la sécurité des autorités. Cet incident aurait pu être plus dramatique. S’il avait été animé d’intentions plus violentes, si la mère du Premier ministre ou ses voisins avaient tenté de s’interposer, que se serait-il passé ?
Cependant, ces dernières, ne peuvent pas se permettre de négliger la sécurité de leurs proches. Il est également important de rappeler qu’il ne s’agit pas d’un privilège mais d’une nécessité. S’attaquer à eux peut devenir un levier de chantage, de pression ou même d’intimidation contre le régime.
Pour rappel, dans les démocraties bien établies, la protection des familles des chefs d’Etat et de gouvernement est une priorité absolue. Des dispositifs de surveillance, des escortes discrètes et des mesures préventives sont systématiquement mis en place. Pourquoi cette exigence ne serait-elle pas appliquée avec rigueur au Sénégal, malgré la volonté des nouveaux dirigeants de se démarquer de certains privilèges ?
Si le président de la République, le Premier ministre… sont sous bonne garde, leurs familles, elles, ne doivent pas rester à la merci de potentiels malfaiteurs.
Ce dossier doit être un signal fort. La police a certes interpellé l’individu, mais le problème de fond demeure.
Peut-on se permettre d’attendre qu’un drame survienne pour prendre conscience de l’urgence ? Cette histoire montre déjà que la menace ne vient pas toujours d’une attaque collective orchestrée, mais parfois d’un individu isolé, animé d’un sentiment de frustration.
Assurer la sécurité des familles des hauts responsables, c’est non seulement protéger des vies, mais aussi garantir la sérénité nécessaire au bon fonctionnement des institutions.