Aujourd’hui il est célébré dans le monde entier la journée consacrée à la liberté de la presse. Au Sénégal, elle arrive dans un contexte où les autorités ont entamé un vaste chantier pour réguler ce secteur où règnent précarité et irrégularité.
Depuis quelques mois, l’État sénégalais a décidé de mettre de l’ordre dans le secteur de la presse. Pour être reconnu, il faut se conformer au code de la presse et aux lois qui régissent l’exercice de ce métier. Si une telle mesure a toujours été considérée comme une vielle doléance, elle ne passe pas pour autant à l’unanimité. Des patrons de presse ont fait bouclier face au ministère de la communication pour montrer leur désapprobation. La raison ? Ils soutiennent qu’il n’est pas du ressort de l’État de reconnaître ou pas un organe de presse sous prétexte que c’est une activité libérale.
Il faudrait peut-être voir ailleurs les motivations qui font agiter certains acteurs de la presse. Ces nouvelles mesures qui mettront fin à l’exploitation des jeunes journalistes et à l’anarchie ne peuvent plaire à tout le monde. Dans un rapport remis au président de la république en 2024, la convention des jeunes reporters avait dessiné un tableau sombre de la situation de ses membres. Beaucoup d’entre eux n’ont pas de contrats de travail. Ils ne bénéficient d’aucune couverture sociale et peuvent à tout moment se faire remercier sans le moindre droit malgré leur plus-value dans leurs rédactions respectives. D’autres confrères ont cumulé des arriérés de salaires de plusieurs mois. Les plus chanceux qui passent aux guichets se font ponctionner une bonne partie de leurs revenus sans raison valable. Le comble c’est aussi de constater que ces mêmes entreprises doivent à l’État plusieurs dizaines de milliards de dettes fiscales.
L’argent le nerf de la guerre !
Si des centaines de médias qui ont refusé de se conformer à la loi et veulent à tout prix être reconnus, c’est par ce qu’il y a bien une raison derrière. Laquelle ? Le gouvernement sénégalais dégage chaque année une bonne enveloppe pour soutenir les entreprises de presse. Malheureusement, il n’y a jamais eu de transparence sur la répartition de ces fonds. Des organes de presse ont été constitués dans le seul but de toucher cette aide. Pour preuve, on constate des journaux qui n’ont jamais été imprimés, des sites qui n’ont pas de rédaction et qui à longueur de journée ne font que reprendre le travail des vrais journalistes. Des grandes maisons de presse avaient vendu leur ligne éditoriale au régime de Macky Sall pour toucher le pactole et en retour ils ont détourné le regard des vrais problèmes des sénégalais.
Avec la nouvelle réforme les règles du jeu vont changer. Il faut faire du vrai service public pour bénéficier du soutien de l’État et passer d’abord par l’étape de la régularisation. Une mesure que des anticonformistes veulent enfreindre en continuant d’exploiter les jeunes, détourner leur salaire, détourner les impôts et encaisser l’aide à la presse sans y avoir droit. Du banditisme qui ne peut plus prospérer.
Si les patrons veulent tenir le procès de la presse, ils doivent accepter d’être au banc des accusés. S’ils n’ont pas de bons conseils, certains risquent de mettre la clé sous la paillasson au grand dam des travailleurs qui ne demandent que le respect de leur dignité.
J’aimerais bosser un jour pour xaalat tv
J’aimerais bosser un jour pour xaalat tv.
Je m’y vois carrément dans leur ligne éditoriale.