PM : faut tout pastéfiser !

Lors du Conseil des ministres, le Premier ministre Ousmane Sonko a lâché des mots qui claquent comme des gifles : manquements graves, absence de transparence, défaillance d’archivage, non-respect des règles de bonne gouvernance… Des mots lourds de sens adressés à une administration qui, pour l’instant, peine à épouser le souffle nouveau de la rupture.

L’intention est claire. Le cap est fixé. La vision est tracée. Mais qui, réellement, suit les traces du capitaine ? Derrière les grandes ambitions de réforme, se pose une question centrale : les troupes suivent-elles le même rythme du commandement ou campent-elles sur les vieilles habitudes d’un système vermoulu ?

Quand Sonko demande “aux ministres de régulariser sans délai la composition des organes délibérants”, ce n’est pas qu’un rappel à l’ordre. C’est une injonction à refonder. Car oui, malgré quelques foyers d’initiatives prometteuses ici et là, l’appareil d’État reste plombé par des pratiques d’un autre âge. Et l’administration, censée porter la transformation, continue souvent de tourner à vide ou à contresens.

Dans certains cercles, on applique à la lettre un nouveau mantra : “Moss dém”. Traduction libre : chassez les “nuisibles” (PASTEFIENS), “nettoyez les écuries d’Augias”. Et les adeptes de ce discours sont ceux qui ont profité d’un système clientéliste où la compétence s’effaçait devant le carnet d’adresses. Deux CDI pour un seul agent, des fonctionnaires invisibles, des nominations sans qualification… Le tableau est effarant.

Face à ce chaos hérité, l’heure n’était plus aux demi-mesures. Il fallait trancher, assumer, et surtout purifier. Mais malheureusement… le coup de balai annoncé semble avoir perdu de sa vigueur avec des soldats qui ne jouent pas le jeu. Le vent de la rupture s’est transformé en brise hésitante. En toile de fond, un certain Alioune Tine dénonçait dès juin 2024 une dérive vers un “État pastéfien”. Depuis, certains au sein du pouvoir semblent paralysés par la peur du procès en exclusion au point d’ouvrir à nouveau les portes aux figures de l’ancien régime.

Résultat : des cadres du régime de Macky Sall recyclés aux postes stratégiques, des responsables de PASTEF qui jurent vouloir incarner la transparence tout en s’entourant de la vieille garde, des appels de « Jub-Jubal-Jubanti-Juboolé » qui tournent au grand écart permanent. Le slogan du don de soi pour la patrie a cédé du terrain face à une intention de compromis politique mal assumée par certains responsables. Et pendant ce temps, le Peuple attend. Attend que quelque chose change vraiment.

Or, ce peuple n’a pas voté pour un simple réaménagement du personnel politique. Il a voté pour un basculement. Une révolution des pratiques. Une restauration de la méritocratie. Et il faut le dire sans détour : le Sénégal regorge de compétences prêtes à servir, en silence, sans calcul, sans carte de parti. Chez les militants de PASTEF, mais aussi chez des Sénégalais anonymes, compétents, patriotes, qui n’aspirent qu’à contribuer à une gouvernance saine.

Alors oui, assumons-le : il est temps de pastéfiser l’État. Pas dans une logique d’hégémonie partisane, mais dans l’esprit des valeurs qui ont porté l’alternance : intégrité, don de soi, justice, vérité. Ce sont ces piliers là qui ont fait vibrer des millions de cœurs. Ce sont ces principes là qui ont porté la Président Diomaye à la tête de l’État. Et ce sont ces mêmes principes qui permettront de terrasser pour de bon ce monstre invisible mais bien réel qu’est « l’État profond ».