Fact-checking : Tribune et les 100 000 pertes d’emploi dans le BTP, FAUX ou VRAI ?

Le journal “Tribune” du groupe D-Médias a publié, en une de son édition du mercredi 5 mars 2025, un article affirmant que “plus de 100 000 travailleurs” ont perdu leur emploi dans le secteur du BTP entre avril 2024 et février 2025. Cet article, signé par le journaliste Ndiogou Cissé, attribue cette perte d’emplois à l’arrêt des travaux dans une dizaine de lotissements entre Dakar et Saint-Louis sous le régime actuel. Cependant, une vérification approfondie met en doute la véracité de ces chiffres.

Une source vague et non documentée

Interrogé sur la provenance des chiffres avancés, le Directeur de publication de “Tribune”, Moussa Traoré, nous a renvoyés vers l’auteur de l’article, Ndiogou Cissé. Ce dernier a expliqué s’être basé sur des témoignages d’acteurs du secteur informel du BTP. Toutefois, il n’a fourni aucun document ou statistique précise permettant de justifier ce chiffre de 100 000 pertes d’emplois. Sa seule source repose sur des déclarations générales de professionnels du domaine.

Que disent les données officielles ?

Nous avons consulté les statistiques officielles publiées par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) à travers son rapport sur la Situation Économique et Sociale Nationale (SESN) de janvier 2025, publié en février 2025. Dans la section consacrée à l’emploi et aux revenus, les dernières données disponibles concernent uniquement les années 2021, 2022 et 2023.

Selon ce rapport, le nombre d’employés dans le secteur formel de la construction était de 27 748 en 2021, 28 290 en 2022 et 27 335 en 2023. On note donc une baisse de 955 emplois entre 2022 et 2023, bien loin des 100 000 annoncés par “Tribune”.

Un manque de distinction entre formel et informel

L’article du journal “Tribune” évoque à la fois le secteur formel et informel. Or, les statistiques de l’ANSD ne prennent en compte que les emplois formels. L’absence de données officielles sur l’emploi informel complique toute tentative de chiffrage précis. Cependant, avancer un chiffre aussi élevé sans données vérifiables pose un réel problème de crédibilité journalistique.

Conclusion : Une affirmation infondée

L’enquête montre que le chiffre avancé par “Tribune” repose uniquement sur des témoignages d’acteurs du BTP, sans aucune donnée officielle ou étude documentée. Les statistiques les plus récentes de l’ANSD ne confirment en rien une perte d’emplois aussi massive. En l’absence de preuves tangibles, cette information relève davantage d’une approximation que d’un fait avéré.