Le rond point Keur Massar est devenu un endroit mythique où se croisent des centaines de jeunes par jour à la quête d’un emploi. La plupart d’entre eux sont des ouvriers en attente d’un employeur pour gagner quoi nourrir leur famille. Cette ambiance témoigne de la bravoure d’une bonne partie de la jeunesse sénégalaise et de leur volonté de gagner dignement leur vie malgré les problématiques liées à l’emploi des jeunes.
Il est six heures du matin au rond-point Keur Massar. Alors qu’on ne voit pas encore le soleil apparaître, une grosse ambiance règne déjà dans cette partie de la banlieue dakaroise. Entre la banque et la station d’essence, les jeunes se comptent à plusieurs dizaines. Pelle, pique, truelle, marteau entre autres matériels de construction accompagnent ces demandeurs d’emploi. Certains sont restés statiques à l’attente d’un employeur pour commencer une journée de travail. D’autres se faufilent entre les voitures comme s’ils avaient une destination précise. A cette heure de la journée, on entend les bruits des moteurs des voitures et les klaxons. Malgré cette forte affluence, on voit rarement les gens parler entre eux. Chacun semble se concentrer sur son objectif en jetant un regard lointain pour ne pas être surpris par un potentiel recruteur. Quelques conducteurs de motos jakarta et vendeurs de café ou de beignets complètent le décor. Des écoliers et d’autres personnes qui doivent se rendre ailleurs marquent également le pas. Ici, tout le monde est pressé. Il est difficile de faire deux pas sans devoir esquiver un autre piéton. Pour un non habité, on peut facilement croire qu’il se passe un événement dans cet endroit.
Cette ambiance explique aussi les difficultés à accéder à un emploi fixe. Pour ceux qui auront la chance de trouver un “patron”, ça ne durera pas plus d’une semaine et pour d’autres ça ne sera que pour une journée.
Face à cette situation, l’Etat doit revoir sa politique d’emploi pour la jeunesse. Beaucoup de programmes ont été initiés mais malheureusement sans grands effets sur le quotidien de certains Sénégalais. Revoir l’utilisation de ces centaines de milliards destinés à la création d’emploi et à l’entrepreneuriat devient une urgence. Le régime sortant à travers des structures comme la DER, l’ANPEJ, le PRODAC, le PAPEJ, le FAISE,… ont souvent fait source de polémique quant à leur gestion. Des rapports des corps de contrôle ont plusieurs fois décelé des irrégularités sur la destination finale de ces fonds.
Ces derniers jours, des milliers de jeunes ont pris d’assaut les Bureaux d’Accueil d’Orientation et de Suivi des Sénégalais de l’Extérieur pour soumettre leurs dossiers de candidature au programme de migration circulaire pour travailler dans des plantations en Espagne alors que seuls 370 postes sont à pourvoir. Ce même scénario est constaté avec le recrutement de deux milles enseignants. Cette situation doit pousser les autorités à plus de pragmatisme et d’efficacité pour trouver une solution durable à l’emploi des jeunes.
En attendant, le rond-point de Keur Massar continue d’être le point d’attraction de centaines de jeunes Sénégalais à la recherche d’un quignon de pain.