Alors que le Sénégal se prépare pour les élections législatives anticipées du 17 novembre, le pays est en ébullition politique. En lice, 41 listes de coalitions et partis politiques s’affrontent pour les 165 sièges de l’Assemblée nationale. Au cœur des enjeux, quatre grandes coalitions s’imposent dans la course pour la majorité parlementaire : le Pastef, Takku Wallu Sénégal, Jam Ak Njariñ et Samm Sa Kaadou.
Le Pastef, parti au pouvoir, a entamé sa campagne avec l’ambition de maintenir et consolider son entreprise politique après son succès à la présidentielle, où il a recueilli 54 % des suffrages avec son candidat Bassirou Diomaye Faye. Son objectif principal est de décrocher une majorité absolue, voire une majorité des 3/5e des sièges.
Une victoire significative renforcerait non seulement sa position au sein des institutions, mais elle pourrait aussi lui permettre d’effectuer des réformes judiciaires, économiques entre autres, allant des projets de lois aux programmes de développement.
La stratégie du Pastef, menée par le président du parti, Ousmane Sonko, repose ainsi sur une campagne tournée vers l’assurance, rappelant aux électeurs la possibilité d’appliquer les promesses électorales lors de la présidentielle de mars 2024 et les perspectives de stabilité politique.
Takku Wallu Sénégal : Macky Sall de retour aux commandes de l’opposition
Sur le terrain de l’opposition, la coalition Takku Wallu Sénégal est portée par un acteur inattendu : Macky Sall, l’ancien président du Sénégal, désigné tête de liste. Après la fin de son deuxième mandat en avril dernier, Sall avait rejoint le Maroc pour occuper le poste d’envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète, une fonction offerte par Emmanuel Macron.
Takku Wallu Sénégal regroupe ainsi l’Alliance pour la République (APR) et le Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade, ancien président du Sénégal (2000-2012). Cette alliance espère séduire un parti de l’électorat critique envers le Pastef, ainsi que les militants et sympathisants qui aspirent depuis longtemps aux retrouvailles de la « famille libérale sénégalaise ».
Jam Ak Njariñ : Amadou Bâ, la stratégie de reconquête
La coalition Jam Ak Jariñ mise sur une équipe constituée de personnalités politiques très connues au sein de l’APR : Cheikh Oumar Anne, Zahra Iyane Thiam et Aliou Sall.
Dans un contexte de tensions politiques et de méfiance vis-à-vis de l’élite, Jam Ak Njariñ propose un discours axé sur l’expérience et la compétence. La coalition espère séduire les électeurs modérés et les indécis en mettant en avant une vision politique réaliste et cohérente. Avec Amadou Bâ, réputé pour son expérience, Jam Ak Njariñ vise une campagne ciblée sur la résolution de problèmes concrets, notamment dans les domaines de l’emploi et du développement économique.
Samm Sa Kaadou : une alliance pour défier la majorité
Dirigée par Barthélémy Dias, le maire de Dakar, la coalition Samm Sa Kaadou se positionne comme une alliance d’opposition résolue à offrir une alternative énergique. Composée de partis et mouvements très connus comme Taxawu Sénégal de Khalifa Sall, le Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR) de Serigne Moustapha Sy, le Parti Républicain pour le Progrès (PRP) de Déthié Fall et Gëm Sa Bopp de Bougane Gueye Dany, cette coalition affiche une grande diversité politique.
En choisissant Barthélémy Dias comme tête de liste, Samm Sa Kaadou veut incarner une opposition déterminée, aspirant à bouleverser l’équilibre des forces actuelles. Cette coalition rassemble la plupart des anciens candidats à la présidentielle, qui, après la victoire du Pastef, cherchent à s’imposer comme la véritable alternative en proposant une rupture politique plus marquée.
Un examen sous haute tension
Ces élections législatives revêtent une importance cruciale pour l’avenir du Sénégal. Si chaque coalition espère obtenir la majorité, l’enjeu va bien au-delà des sièges parlementaires. Le résultat de ce scrutin pourrait influencer la stabilité du pays, en fonction de la répartition des pouvoirs entre majorité et opposition.
Dans un climat où la population manifeste une attente croissante de transparence et de responsabilité, les électeurs sénégalais auront à décider de l’orientation politique des prochaines années. Entre continuité, retour aux sources ou renouveau radical, les choix qui s’offrent à eux détermineront la trajectoire de la démocratie sénégalaise.