Jàngatu Bés Bi | Réformes des médias au Sénégal : entre assainissement et résistances acharnées
C’est au mois d’août 2024 que l’État du Sénégal a ouvert un chantier inédit : celui de la réforme en profondeur du secteur médiatique. Depuis des années, ce domaine évoluait dans une véritable zone grise, où chacun pouvait s’autoproclamer patron de presse ou journaliste, sans cadre rigoureux ni régulation efficace. À cette anarchie s’ajoutait une administration permissive, qui favorisait la création de clans médiatiques et la distribution inéquitable de l’aide à la presse, souvent déterminée par les lignes éditoriales.
Entre recensement, redressements, mise en lumière des véritables propriétaires des organes de presse, le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique a effectué un diagnostic approfondi motivé par une application stricte du Code de la presse. Les résultats sont notables : des entreprises fictives rayées de la carte, plusieurs milliards récupérés auprès de groupes étrangers, et une cartographie plus transparente du paysage médiatique.
Mais cette avancée révèle aussi ses limites. Certains groupes continuent de défier ouvertement la loi et l’éthique, profitant de complicités ou de la lenteur d’autres institutions censées accompagner l’assainissement. Ces acteurs, longtemps habitués aux largesses des régimes précédents, usent de pressions, de victimisation et de désinformation pour préserver leurs privilèges.
Cette vidéo revient sur les réussites et les zones d’ombre de cette réforme, en posant une question centrale : le Sénégal a-t-il enfin trouvé la clé pour un paysage médiatique crédible, professionnel et assaini, ou risque-t-il de voir ses efforts anéantis par l’inertie et les résistances d’un système profondément enraciné ?