Cheikh Touré, 17 ans, gardien de but à l’académie Esprit Foot de Yeumbeul, aurait succombé aux tortures infligées par ses ravisseurs. L’information, d’abord communiquée par sa mère, a été confirmée par le ministère de l’Intégration africaine, des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, dans un communiqué rendu public le samedi 18 octobre 2025. Une tragédie qui bouleverse toute une famille qui voyait en Cheikh un futur professionnel du ballon rond.
Le jeune Cheikh Touré s’était rendu au Ghana, persuadé de passer des tests pour intégrer un club local. Selon sa mère, c’est un ami à lui, Bamba, actuellement au Ghana, ainsi que la mère de ce dernier, qui l’ont convaincu de tenter cette aventure risquée. Après quelques formalités, Cheikh a pris la route. À son arrivée, il appelle sa mère et lui explique qu’une somme de 800 000 FCFA est nécessaire pour participer aux tests. Sa mère réussit à rassembler et lui envoyer 500 000 FCFA. Peu après, Cheikh la rappelle pour demander 150 000 FCFA supplémentaires, prétendant que cet argent servirait à « remercier » les entraîneurs qui l’auraient accueilli malgré son retard.
À partir de ce moment, la mère de Cheikh commence à avoir des doutes. Les messages de son fils deviennent brefs et évasifs. Peu de temps après, elle perd tout contact avec lui. En réalité, Cheikh Touré était déjà entre les mains de ravisseurs, et la somme de 800 000 FCFA n’était qu’une rançon déguisée.
Les ravisseurs finissent par rappeler la mère du jeune homme, lui annonçant que son fils aurait eu un accident. Ils envoient ensuite des images via WhatsApp confirmant la terrible nouvelle. Les traces visibles de torture sur le corps de Cheikh laissent penser qu’il a succombé à des violences extrêmes. L’affaire se répand rapidement dans la presse locale et se confirme au fil des heures : Cheikh Touré a bel et bien été enlevé, séquestré, torturé puis tué par ses ravisseurs.
Dans son communiqué, le ministère de l’Intégration africaine, des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur déclare :
« Le Ministère a appris, ce samedi 18 octobre 2025, le décès survenu à Kumasi (République du Ghana), le vendredi 17 octobre 2025, de M. Cheikh Touré.
Les premières investigations menées par les services consulaires indiquent que M. Touré, jeune footballeur sénégalais, aurait été victime d’un réseau d’escroquerie et d’extorsion de fonds. »
Selon le même document, deux agents de l’Ambassade du Sénégal au Ghana ont été dépêchés à Kumasi dès hier dimanche 19 octobre 2025 pour assister les autorités locales dans les démarches administratives et judiciaires, en vue du rapatriement de la dépouille, dès que les autorisations nécessaires auront été obtenues.
Une affaire qui pourrait en cacher d’autres
D’après plusieurs témoignages relayés sur Internet, d’autres jeunes se trouveraient actuellement dans la même situation que Bamba, toujours détenu au Ghana.
Sur TikTok, un Sénégalais a partagé un message inquiétant envoyé par un ami tentant de le convaincre de le rejoindre au Ghana pour signer un contrat avec le Pac Academy FC. Face à l’ampleur de la polémique, le club concerné a rapidement réagi par un communiqué publié sur sa page Facebook :
« La direction de Pac Academy FC se dissocie des informations circulant sur les réseaux sociaux concernant des ressortissants sénégalais prétendant avoir rejoint le club. Nous tenons à préciser que nous n’avons engagé aucun joueur sénégalais, ni aucun individu impliqué dans nos processus de recrutement.
De plus, aucun membre de Pac Academy FC n’a demandé ou reçu d’argent en échange d’une quelconque promesse de sélection.
Nous appelons le public à ne se fier qu’aux informations publiées sur nos canaux officiels. »
Des réseaux d’escroquerie bien organisés
Selon le journal Libération, la méthode utilisée par les ravisseurs rappelle celles employées par des réseaux se réclamant de l’entreprise Qnet.
Le journal rappelle qu’en juin 2025, le commissariat de Saint-Louis avait interpellé 11 individus au quartier HLM de Ngallele pour association de malfaiteurs, escroquerie, tentative d’extorsion de fonds et séjour irrégulier. Ces arrestations faisaient suite à la dénonciation d’un enseignant-chercheur de l’Université Gaston Berger (UGB), signalant la séquestration d’une jeune fille malienne dans une maison du quartier.
Lors de son audition, la victime a déclaré avoir fait la connaissance d’un des suspects via Facebook. Celui-ci lui avait promis un emploi au Sénégal avec un salaire de 100 000 FCFA par semaine. Une fois arrivée dans le pays de la Teranga, elle découvre qu’il s’agissait d’une arnaque liée à une entreprise opérant sous le nom de Qnet. Ayant exprimé son souhait de rentrer chez elle, elle s’est heurtée au refus des ravisseurs, qui ont tenté de la rançonner. Sa libération n’a été rendue possible que grâce à la vigilance de l’enseignant et à l’intervention rapide de la police de Saint-Louis.
Des rêves brisés et des vies sacrifiées
De nombreux jeunes Sénégalais passionnés de football et pensionnaires de centres de formation rêvent de suivre les traces de stars comme Sadio Mané. Ils n’attendent souvent qu’une opportunité pour réaliser leur rêve. Malheureusement, certaines personnes malintentionnées exploitent cet espoir pour escroquer, manipuler, et parfois commettre l’irréparable.
Le drame de Cheikh Touré vient tristement rappeler l’existence de ces réseaux mafieux transnationaux, et la nécessité pour les autorités, les familles et les centres de formation de redoubler de vigilance.
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